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ne s’amuseroit pas à de longs détours, mais qu’elle iroit droit en besogne, et qu’elle entameroit incessamment une procédure pour constater ma naissance, mon vrai nom, et mes droits à la succession de mes ancêtres :

N’admirez-vous pas l’impertinence officieuse de ces Branghton ? Qu’ont-ils besoin de se mêler de mes affaires ? Vous ne sauriez croire combien de trouble ce projet cause à Howard-Grove. Le capitaine, sans avoir rien examiné, s’est déclaré absolument pour la négative, uniquement pour contrecarrer madame Duval, et ils ont débattu cette matière avec chaleur. Madame Mirvan a dit qu’elle n’embrasseroit aucun parti avant que d’avoir pris votre avis. Mais lady Howard, à ma grande surprise, avoue hautement qu’elle est de l’opinion de madame Duval ; elle vous en écrira, pour vous communiquer ses raisons.

Quant à miss Mirvan, cette moitié de moi-même partage mes craintes et mes espérances ; moi-même je ne sais que dire ni que souhaiter. J’ai senti souvent combien il est cruel d’avoir un père, et d’être bannie à jamais de sa présence ; mais aussi j’ai compris plus d’une fois combien cet éloignement m’est peut-être avantageux.