J’étois sûre que vous seriez mécontent de sir Clément Willoughby, et je ne m’étonne nullement de ce que vous en dites ; mais quant à mylord Orville, je craignois bien que la foible esquisse que j’en ai tracée ne suffiroit pas pour vous donner une assez haute idée de son mérite ; je suis ravie cependant d’avoir réussi à lui concilier votre amitié. Ah ! si j’avois pu rendre justice à toutes ses bonnes qualités ! — si j’avois pu vous le représenter tel qu’il paroît à mes yeux ! — combien vous lui accorderiez d’estime !
À l’exception d’une violente querelle entre le capitaine et madame Duval, il ne s’est passé rien d’essentiel avant notre départ. M. Mirvan s’étoit proposé de faire la route à cheval, et nous autres femmes nous devions être placées dans son carrosse. Madame Duval se fit attendre long-temps ; elle arriva enfin, accompagnée de M. Dubois.
Le capitaine, qui avoit eu tout le loisir de s’impatienter, voulut qu’on partît à l’instant même. Nous montâmes d’abord en voiture, et madame Duval appelant M. Dubois, lui dit : « Venez, monsieur, il y a encore une place pour vous à côté de ces demoiselles ». Et après nous avoir