foule aux pieds jusqu’à ce point toutes les règles de la bienséance, est un être trop méprisable, pour qu’il puisse faire la moindre impression sur un cœur tel que celui de mon Évelina. Sir Clément cherche à la vérité d’éviter le scandale, mais la méchanceté de ses intentions n’en perce pas moins ; il sait cacher son jeu, et par conséquent il est plus à craindre. Heureusement il semble n’avoir fait aucun progrès dans vos bonnes graces ; un peu de précaution et de prudence suffira pour vous mettre à couvert des desseins que je lui suppose.
Mylord Orville me paroît appartenir à une meilleure classe de gens. Sa conduite envers l’impertinent Lovel, et sa démarche après l’opéra, me donnent une idée avantageuse de son esprit et de son cœur. Sans doute qu’il savoit quels risques vous couriez entre les mains de ce sir Clément, et il agit en homme d’honneur, en informant tout de suite la famille Mirvan de votre situation. Peu de jeunes gens auroient pris le même intérêt à votre sûreté ; la plupart eussent préféré, par une délicatesse mal entendue, de laisser une jeune innocente à la merci d’un ami libertin, plutôt que de s’exposer à se