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dame Duval de la manière la plus insultante : « Eh bien ! madame, lui dit-il, vous qui avez vu le monde, expliquez-moi un peu ce que vous préférez, la chambre chaude à Ranelagh, ou le bain froid que vous prîtes ensuite ? Mais certes vous avez un air si bien portant, que je vous conseille de redoubler la dose ».

Madame Duval. « Ma foi, monsieur, on ne vous demande pas vos conseils, et vous pouvez les garder pour vous : d’ailleurs, ne vous en déplaise, il me semble que ce n’est pas une bagatelle que d’être éclaboussée, d’attraper un rhume, et d’abîmer toutes ses hardes ».

Le Capitaine. « Éclaboussée, dites-vous ? et n’est-ce que cela ? — Je vous croyois trempée de la tête aux pieds. — Allons donc, ne faites pas la petite bouche, ce seroit gâter le conte : souvenez-vous que vous étiez percée jusqu’à la moelle des os. Par la sambleu ! j’en rirai toute ma vie. La pauvre dame laissée à l’abandon, et assaisonnée de la sorte ! et puis monsieur le Français à côté de vous, mouillé comme un rat ».

Madame Duval. « Plus notre embarras étoit grand, plus vous avez eu tort de n’être pas venu à notre secours. Vous saviez très-bien où nous étions, et