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tois pas fait le moindre mal, et je le priai de me quitter pour rejoindre le reste de notre société, dont j’étois très-inquiette, puisque j’ignorois s’ils étoient tous échappés aussi heureusement que moi. Il me dit qu’il se croyoit fort honoré de mes ordres, et qu’il couroit les exécuter ; mais me voyant mouillée, il me pressa d’entrer dans une chambre chaude. Il n’écouta pas mes objections, et me força de le suivre dans un appartement, où nous trouvâmes un bon feu, et quelques personnes qui attendoient leurs voitures. Je pris une chaise, et je le priai de nouveau de se retirer.

Il s’en alla en effet ; mais il reparut presque aussitôt : il me dit qu’il pleuvoit à verse, et qu’il avoit ordonné à ses domestiques d’aller au secours des Mirvan, et de leur porter de mes nouvelles. J’étois très-fâchée de ce qu’il n’avoit pas pris cette peine lui-même ; mais comme je n’étois pas fort liée avec lui, je ne voulus pas lui en faire des reproches, ni l’engager malgré lui à cette complaisance.

Il approcha sa chaise de la mienne, et m’ayant demandé une seconde fois comment je me portois, il ajouta à voix basse :

« Miss Anville me pardonnera, si le desir