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« Laissez-moi, s’écria la dame, rustre que vous êtes : un bon cachot me rendra raison de vos indignes procédés ; vous verrez qui vous avez insulté. J’irai trouver M. Fielding, le juge de paix, et je vous montrerai, que je suis une femme de condition ; je vous le montrerai, ou je ne m’appelle pas Duval ».

Je n’en entendis pas davantage : interdite, effrayée et tremblante, je jetai un cri : juste ciel ! c’est la seule exclamation qui m’échappa involontairement, et je tombai évanouie entre les bras de madame Mirvan. Mais tirons le voile sur une scène trop cruelle pour un cœur aussi compatissant que le vôtre. Il suffit de vous dire que nous fûmes convaincus que cette étrangère n’étoit autre que madame Duval, la grand’mère de votre Évelina.

Ah ! monsieur, reconnoître une aussi proche parente dans une personne qui s’étoit annoncée de la sorte ! Que deviendrois-je si vous n’étiez mon protecteur, mon ami, mon refuge !

Mon émotion et la surprise de madame Mirvan me trahirent tout de suite ; mais je supprime l’accueil qu’elle me fit ; vous seriez révolté de la dureté, de la grossièreté (pardonnez le terme) avec la-