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la commençant, l’idée de la moindre chose qui eût pu nuire à son honneur ou à sa réputation l’eût fait retourner en arrière, long-temps avant qu’il l’eût terminée, le parjure et la trahison lui étaient devenus si familiers qu’il ne les considérait plus comme des obstacles. Sa présomption ne lui permettait plus de douter du succès ; la cupidité avait effacé tout sentiment de justice et de probité, et il s’était endurci contre les reproches de sa conscience.

Mais la triste catastrophe, et la fin imprévue qu’eurent ses ruses et ses perfidies, ne lui firent que trop sentir, en dépit de lui-même, la vérité qu’il s’était efforcé de se dissimuler, que lorsqu’on agit de mauvaise foi, les contre-temps qu’on essuie, loin d’exciter la pitié, n’attirent aux coupables que le mépris ; et qu’en général, on se réjouit de leur disgrace.

L’esprit juste et sensé de Cécile, sa candeur, ses vertus et sa prudence, lui firent trouver dans l’affection tendre et