Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gnant de l’effrayer, redoutant son courroux, déchiré de remords de l’insulte qu’il lui avait faite, et souffrant cruellement de la voir aussi malade et aussi changée qu’elle l’était. À l’instant où elle le vit, elle fit un mouvement pour se pencher en avant, et lui témoigner le plaisir qu’elle avait de le voir, s’écriant, quoique d’une voix faible : ah, mon cher Delvile ! serait-ce bien vous ? mais ne pouvant soutenir l’effort qu’elle venait de faire, elle retomba pâle, tremblante, sur les coussins qui la soutenaient.

Le docteur voulait alors interposer son autorité, et exiger que la conversation fût renvoyée à un autre temps ; mais Delvile ne pouvant plus se contenir, s’élança à la ruelle du lit, et se mettant à genoux : ô vous, s’écria-t-il, modèle de perfection, que j’ai osé offenser ! vous que mon cœur a choisie ! seul objet de mes affections ! vous vivez donc, et j’entends encore les doux accents de votre voix !… C’est donc vous que je re-