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sait l’idée d’être la cause de cette scène funeste et terrible. Sa fierté, son ostentation, son ancienne noblesse, son nom même n’étaient plus pour lui d’un si grand prix : il les aurait tous sacrifiés de bon cœur, pour obtenir le titre de protecteur de cette infortunée, dont il se reprochait d’être le bourreau. Et cependant, dès qu’il commença un peu à revenir de la surprise pénible que lui avait causée ce spectacle terrible, il fut piqué de ce que, sans l’en avertir, le docteur l’eût rendu le témoin de cette scène affreuse ; et le regardant d’un air courroucé, il se hâta de sortir de la chambre.

Delvile qui attendait impatiemment dans la petite salle le retour du docteur, alarmé en entendant sur l’escalier les pas d’un étranger, allait demander qui ce pouvait être ; lorsqu’il vit son père, il recula d’effroi. M. Delvile oubliant sa fierté, et ayant toujours devant Les yeux l’objet qu’il venait de quitter, le prit dans ses bras, en disant : Oh ! venez avec moi, mon fils, et abandonnez cette triste de-