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tirer d’elle, ni son nom, ni d’où elle venait, ni où elle prétendait aller. On la fit monter dans une chambre, et l’on tâcha de l’engager à se mettre au lit ; mais voyant qu’elle n’en voulait rien faire, ils supposèrent qu’elle le refusait, parce qu’elle avait coutume de coucher sur la paille : ils cessèrent de la tourmenter, et emportant la lumière, ils fermèrent la porte, et allèrent se coucher.

Elle passa toute la nuit dans cette triste situation, seule et dans le délire. Dans le commencement, elle ne cessait d’appeler Delvile ; tantôt, elle le suppliait de venir à son secours ; tantôt elle déplorait son sort et sa cruelle catastrophe. À la fin ; ses forces étant tout-à-fait épuisées par ses cris et par la fatigue, elle se coucha sur le plancher, et resta quelque temps tranquille. Sa tête commença alors à se calmer un peu, à mesure que la fièvre, causée par l’effroi et l’exercice violent, diminuait ; elle reprit l’usage de sa mémoire. Cet inter-