Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.

situation, ses projets, et même son existence ; elle ne fut plus occupée que du danger de Delvile, quoiqu’elle ne se souvînt plus de ce qui l’occasionnait. À l’instant qu’elle se trouva en liberté, elle joignit les mains avec beaucoup de chaleur, et s’écria : je guérirai sa blessure, au péril même de ma vie. Et courant avec rapidité, on l’eut bientôt perdue de vue.

Cécile, qui s’était dérobée, par la vitesse et la rapidité de sa marche, aux poursuites et aux insultes, se trouvant au bout de la rue, appela Delvile à haute voix… Il n’y était pas… Elle en enfila une seconde, et ne l’appercevant pas, elle continua sa course sans savoir où elle allait, la fatigue, la chaleur et le désespoir augmentant à chaque instant son délire. Plusieurs personnes lui adressèrent la parole ; on la saisit même une ou deux fois par ses habits ; mais elle se dégagea par la violence de ses mouvements, sans entendre ce qu’on lui disait, ni s’em-