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seconde fois en pension chez madame Bayley, elle y renonça cependant bientôt, ayant une répugnance invincible à rester dans le lieu de sa naissance, après avoir perdu sa fortune, et s’être vue forcée d’abandonner sa maison.

Sa situation était singulièrement facheuse, puisque, par une révolution subite et imprévue, après avoir été long-temps l’objet de l’envie et de l’admiration, elle se trouvait tout-à-coup plongée dans la disgrâce, et menacée encore de plus grands malheurs. Dépouillée de toutes ses richesses, elle ne pouvait se résoudre à déclarer son mariage, et à prendre ouvertement le nom de Delvile, au moment où elle se trouvait dans une situation aussi humiliante ; il ne lui restait donc qu’une seule ressource pour s’y soustraire, qui était de sortir du royaume. Ce fut aussi le parti qu’elle prit. Elle se rendit secrètement à Londres, pour arranger son voyage ; elle comptait joindre Delvile avant que les nouvelles de son désastre eussent pu lui