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riosité que d’étonnement ; cela allait même jusqu’à l’insensibilité. Pour Henriette, elle ne cessa de pleurer tant qu’il dura. Elle perdait sans retour l’objet d’une passion aussi vive que romanesque : séparée vraisemblablement pour toujours de la meilleure amie qu’elle eût au monde, et obligée de retourner chez sa mère, où elle était si désagréablement, elle n’avait pas assez de force pour supporter des maux de cette espèce : un cœur aussi peu expérimenté que le sien ne pouvait en éprouver de plus cruels.

Après cette conversation, Cécile envoya chercher son receveur, et le chargea d’aller, sans perdre de temps, chez ses fermiers, pour exiger de tous ceux qui lui devaient et qui se trouvaient en état de la satisfaire, les arrérages échus, lui recommandant cependant de ne point faire de peine à ceux qui lui paraîtraient hors d’état de s’acquitter. Elle rassembla tous les comptes qui lui restaient encore à payer ; ce qui ne fut pas bien difficile, parce qu’elle avait toujours eu soin de