Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 7 an III.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’affliger encore ? Non, madame, lui répondit Henriette avec un peu de ressentiment ; non, je ne serai point affligée pour ce qui vous regarde : il serait étrange que je le fusse, pensant comme je pense. Je suis charmée, répondit tranquillement Cécile, que vous ne le soyez pas ; car je voudrais qu’il me fût possible de ne vous causer que de la joie et du plaisir. Ah, madame ! s’écria Henriette en pleurant, pouvez-vous me tenir ce langage, tandis que vous vous embarrassez si peu de ce que je deviendrai, tandis que vous êtes prête à me renvoyer ?… Vous allez bientôt être trop heureuse, pour vous occuper encore de moi. Si je ne suis heureuse qu’alors, dit Cécile, je ne saurais jamais l’être. Non, ma chère amie, jamais vous ne perdrez la part que vous avez dans mon amitié ; et il n’y a personne au monde dont le séjour chez moi me fût plus agréable, sans les malheureuses circonstances qui rendent notre séparation inévitable. Cependant, madame, vous avez souffert