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cile avec beaucoup de gravité, paraissant ne savoir s’il devait lui parler sévèrement ou avec douceur. Je reviens, lui dit-il, encore une fois éprouver ta sincérité. Veux-tu me suivre, et venir où le malheur t’appèle ? malheur que ta charité pourrait alléger.

Je suis très-fâchée, répondit-elle, que dans ce moment cela me soit absolument impossible. Encore, s’écria-t-il d’un air sévère et mécontent, encore ! tu trompes une seconde fois mes espérances ! Pourquoi me jouer ainsi ? Pourquoi flatter un esprit faible et épuisé, pour lui faire ensuite mieux sentir sa crédulité déplacée ? Ou pourquoi, après m’avoir persuadé que tu étais l’ange que je cherchais, me désabuser si cruellement ? En vérité, répartit Cécile très-sensible à ce reproche, si vous saviez la perte cruelle que je viens de faire… Je la connais, s’écria-t-il ; j’y ai été sensible. Tu as perdu une ancienne et fidèle amie ; tu auras raison de la pleurer toutes les fois que le soleil se couchera ; car il se lèvera en vain, et ne