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posez de vivre doivent être exactement conformes à la description que vous venez de nous en faire. Mais est-il possible que vous imaginiez pouvoir conserver des idées de cette espèce ? et quel est l’homme d’esprit qui pourrait vivre au milieu du monde avec des principes aussi austères ?

Je me les suis non-seulement imposés, répliqua Belfield, mais je les ai déjà pratiqués. Et loin qu’ils m’ayent paru durs, je ne me suis jamais trouvé aussi heureux. Actuellement, quoique pauvre, j’ai choisi par nécessité le genre de vie que j’aurais adopté si j’avais été riche ; mon occupation est devenue mon amusement. Dès ma plus tendre jeunesse, jusqu’à ce moment, la littérature a été mon étude favorite, la récréation de mes heures de loisir, et celle dont je m’étais promis de l’avancement. J’avoue que mon penchant pour elle a été si peu réglé, que je pourrais avec quelque raison le regarder comme la source des disgrâces que j’ai essuyées. Il s’est opposé à mes succès en m’inspirant un dégoût marqué pour toute autre occupation. Il a été