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L’absence de Cécile l’avait inquiété ; il s’était flatté qu’habituée à prendre toujours ses conseils, elle ne ferait aucune démarche sans l’en prévenir, et comptait l’amener enfin au point de ne pouvoir plus se passer de lui. Il vit aussi avec une sorte de peine qu’elle eût cherché par cette sortie à dissiper son chagrin. Ce n’est pas qu’il souhaitât qu’elle s’ennuyât ; mais il aurait voulu qu’elle ne reçût de consolation que de lui seul.

Cependant il était tout aussi essentiel pour lui de déguiser son mécontentement que ses espérances ; et certain que ce n’était qu’en trouvant moyen de lui plaire qu’il pourrait se flatter de gagner son cœur, il eut soin, au retour de Cécile, de prendre un air plus ouvert : miss Beverley bien persuadée qu’elle ne lui devait que des égards, se conserva précieusement le droit d’agir par elle-même, desirant néanmoins de pouvoir dans l’occasion recourir à ses conseils. Elle lui dit d’où elle venait, la rencontre qu’elle avait faite de Belfield, l’inquiétude des parents,