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s’arrangea à la satisfaction de ce fourbe, qui possédait mieux que personne l’art d’amener les gens à son but, en leur laissant l’apparence d’agir par eux-mêmes. Il partit un jour avant les dames, quoiqu’il eût fort désiré de les accompagner ; mais comme il ne lui était jamais arrivé de se rendre à Londres dans le même carrosse que milady, il ne voulut point fournir dans cette occasion à ses voisins et à ses domestiques un sujet de réflexions et de commentaires.

Cécile, forcée par cet arrangement de se contenter de la compagnie de milady et de la demoiselle Bennet, fit un voyage fort triste et fort désagréable, et ne resta que deux jours dans la capitale. Elle avait déjà jeté les yeux sur une famille à Bury, chez laquelle elle comptait se mettre en pension jusqu’à ce qu’elle pût habiter sa propre maison.

Milady, enchantée de l’idée qu’elle avait dérangé les projets de son mari, se ressentit à peine de la fatigue d’un voyage incommode et peu de son goût,