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mais bien l’infortuné et inconstant Belfield. Ce jeune homme avec de l’esprit ne cesse de s’égarer. Quelle leçon pour ceux qui se vantent de leurs talents et en font vanité ! Où peut-il être actuellement, monsieur ? Labourant par choix avec ceux qui ne labourent que par nécessité : tels sont les humains en général ; mécontents, pervers et volages, quoique tous n’ayent pas le courage de se montrer tels ; et il en est peu qui, comme Belfield, méritent, lorsqu’ils le font, qu’on daigne s’en appercevoir. Il m’a dit qu’il était heureux. J’étais bien persuadé que cela ne pouvait pas être ; mais cette occupation ne nuit à personne, et je ne lui en ai fait aucun reproche. J’ai ouï parler de vous dans le voisinage, et l’on ne vous a jamais nommée sans éloges ; je suis venu voir si vous les méritiez ; je vous ai vue, et je m’en retourne satisfait. En ce cas vous êtes peu difficile ; car ce que j’ai fait jusqu’à présent ne mérite guères de louanges. Par où faut-il commencer à m’acquitter de la tâche que vous me prescrivez,