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desiré de servir ! Tous jusqu’ici ont rejeté mes bons offices ; trop honnête pour les flatter, ils n’ont pas eu le courage de m’entendre : incapable par mon crédit de contribuer à la réussite de leurs vues ambitieuses, ils n’ont pas eu assez de vertu pour me souffrir. Tu es la seule que j’ai trouvée assez juste pour souhaiter de l’être davantage. Cependant il faut, pour me contenter, plus que des paroles : je veux des effets. Il ne suffit pas non plus d’ouvrir volontiers ta bourse ; il me faut de plus ton temps et tes soins ; l’argent distribué par d’autres ne sert qu’à soulager ceux qui le reçoivent ; pour dissiper et alléger tes peines, il faut que tu le donnes toi-même. Vous me trouverez toujours, répondit-elle, docile à vos leçons, et empressée d’apprendre ce que je dois faire pour rendre mon existence utile à mes semblables.

Heureuse donc, reprit-il, l’heure où je suis arrivé dans cette province ! Ce n’était pourtant pas vous que j’y venais chercher,