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me vit, elle poussa des cris, et voulut fuir. Je l’arrêtai, et lui dis que je venais pour m’acquitter fidèlement de ma promesse en l’épousant… La candeur et la probité, quoique dégradées chez elle, n’étaient point effacées : elle m’avoua qu’elle avait eu le malheur de se laisser séduire. J’aurais dû récompenser cette preuve étonnante de son ingénuité, de sa bonne foi. Ce sacrifice sans exemple que lui valut-il de ma part ? Des malédictions !… Je la chargeai d’injures ; je l’outrageai par les expressions les plus révoltantes ; je lui reprochai jusqu’à son aveu ; je lui souhaitai tous les maux imaginables….. Elle se prosterna à mes pieds, elle me demanda pardon, me supplia d’avoir pitié d’elle ; elle pleurait amèrement….. et je la repoussai cruellement….. Il est inutile de vouloir vous cacher ma honte. Je la frappai avec fureur….. et non content d’un seul coup, je redoublai à plusieurs reprises. Ah, malheureux barbare et sans pitié ! à quel titre pourrais-tu te flatter d’obtenir