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obligation de me les avoir communiquées. Malgré tout ce qu’il m’en coûtera et tout ce que j’aurai à souffrir, reprit-il, je vais te satisfaire : ce sera le moyen de dissiper ton affliction imaginaire ; je vais r’ouvrir toutes mes blessures, et renouveler ma honte. Non, s’écria Cécile avec précipitation, je refuse de vous entendre, si ce récit doit vous être si pénible.

Ta pitié et ton humanité sont avec moi tout-à-fait inutiles, dit-il, puisqu’il n’y a que les remords qui puissent me procurer quelque consolation. Je veux donc te raconter mes crimes, pour que tu puisses sentir toute ta félicité, afin que tu saches qu’elle consiste uniquement dans l’innocence ; de peur que, ne connaissant pas tout le prix de celle-ci, tu la perdisses faute de l’estimer ce qu’elle vaut. Écoute donc, et tu sauras ce que c’est que le malheur.

Il n’y a que le crime qui puisse nous rendre vraiment malheureux, et c’est lui qui a causé tous les maux de ma vie ; c’est par lui que je souffrirai éternelle-