Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donc déjà ouï parler ? Oh ! sans doute ; mais cela m’avait paru la calomnie la plus noire, et m’avait inspiré la plus vive indignation ; si tout autre que mon père l’avait débitée, il n’aurait pu se soustraire à mon ressentiment. — Hélas ! s’écria Cécile, le fait est certain, et je ne saurais le nier ; mais les circonstances dont on l’aura accompagné seront sans doute exagérées. Exagérées ! certainement, répartit-il ; on m’a assuré qu’on vous avait surprise cachée avec Belfield dans une chambre écartée : on m’a dit de plus que le bien de votre père était totalement dissipé, et que pendant votre minorité vous aviez fait des affaires avec des juifs. J’ai appris tout cela de mon père ; de tout autre je n’aurais pu écouter ce récit. Jusques-là, reprit-elle, il ne vous a rien dit qui ne fût très-vrai ; mais… Très-vrai, répéta Delvile en l’interrompant, et tout-à-fait hors de lui-même. Ô ! jamais donc la vérité n’a été si mal reçue. J’ai nié l’accusation, je n’en ai pas cru un seul mot. J’ai engagé mon