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moins en silence qu’il s’expliquât. Après avoir encore un peu hésité, il lui dit, avec une gravité mêlée de quelque ressentiment : j’ai pris la liberté, mademoiselle, après en avoir obtenu la permission de ma mère, de venir vous rendre mes respects ; mais je crains que, m’ayant été accordée si tard, l’avantage que j’espérais en retirer ne dépende plus de vous. Je ne pouvais pas deviner, monsieur, répondit-elle gracieusement, que vous vinssiez de sa part, sans quoi je n’aurais pas différé un instant à recevoir ses ordres. Je ne manquerais pas à vous remercier de l’honneur que vous lui faites, si vous aviez daigné témoigner moins d’éloignement pour celui qu’elle en a chargé. Je n’ai aucun droit de vous rien reprocher ; permettez cependant que j’ose vous demander si vous pouviez, mademoiselle, après une pareille séparation, après une renonciation aussi absolue à toutes prétentions sur votre personne ; si vous pouviez croire, dis-je, que lié de cette manière, et obligé par mes