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pensée, puisqu’il était bien décidé à penser défavorablement sur son compte, et qu’aucun sacrifice ne serait capable de détruire ses préjugés. Le témoignage de sa conscience l’emporta enfin sur la vaine frayeur d’une injuste censure ; et dans la lettre qu’elle écrivit à madame Belfield à ce sujet, elle en mit une d’invitation pour Henriette.

La réponse de celle-ci témoignait son ravissement d’une pareille proposition, et celle de sa mère ne contenait d’autre objection que la dépense du voyage. Pour lever la difficulté, Cécile envoya sa femme-de-chambre, et la chargea de payer ce qu’il en coûterait. La reconnaissance de la tendre Henriette en revoyant Cécile, fut sans bornes ; elle ne sut comment lui exprimer tout l’excès de sa joie. Cécile mit en usage tous les soins de l’amitié pour adoucir ses peines ; elle lui parla toujours avec confiance, et ne lui cacha que ce qui concernait Delvile, sur lequel elle gardait un profond silence, résolue d’oublier, s’il était pos-