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recevant d’elle, quoique très-polie à son égard, aucune invitation à réitérer sa visite, il la quitta tristement. Cécile vit avec douleur qu’il conservait toujours sa passion, quoique sans espoir, et sentit qu’en souffrant qu’il la vît, c’était contribuer à l’entretenir ; en plaignant sincèrement le désordre qu’elle causait dans son ame, elle résolut, quoiqu’à regret, d’éviter à l’avenir sa présence.

C’était uniquement pour tenir sa parole qu’elle avait fait venir madame Harrel dans sa maison : le temps où sa société lui plaisait était passé ; loin d’en recevoir ni utilité, ni agrément, ce ne fut pour elle qu’une compagnie embarrassante. Sans ressource en elle-même, madame Harrel cherchait continuellement à s’en procurer par le moyen des autres ; elle fatiguait Cécile à force de lui témoigner sa surprise du genre de vie qu’elle avait adopté, et la tourmentait tous les jours en lui proposant des parties de plaisir et de nouvelles visites. Elle ne pouvait comprendre que, possédant une