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plus pauvres jugeant, parce qu’ils en avaient déjà reçu, de ce qu’ils pouvaient encore s’en promettre, regardèrent l’époque où elle vint habiter le canton comme une faveur du ciel.

C’est ainsi que l’intéressante héritière, désormais indépendante, se trouva fixée dans sa propre demeure, au milieu du domaine de sa famille. Avec tous les avantages qu’elle réunissait, ne devait-elle pas être heureuse ? Sa raison lui dit qu’il fallait travailler à le devenir, et pour y réussir, effacer de son cœur toutes les impressions qu’il avait reçues. La tâche était pénible ; mais Cécile l’entreprit avec courage, se rappelant une maxime de madame Delvile, que les maux inévitables sont les plus faciles à supporter. Les observations qu’elle avait faites, les contre-temps qu’elle avait éprouvés avaient mûri son jugement mieux que ne l’auraient fait les années ; elle vit qu’elle avait moins besoin de force que de constance, et qu’elle devait remplir son temps par des occupations utiles, qui ne lui