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de ses mains tout ce qu’il avait à elle. Celui-ci s’emporta, et prédit à Cécile toutes sortes de malheurs : tout cela fut inutile ; ses manières le lui rendaient si insupportable, et elle avait tant de peine à entendre le langage qu’il employait dans les affaires, qu’elle s’estima heureuse d’être débarrassée de lui. Cependant, après avoir bien examiné ses comptes, ils se trouvèrent justes et en règle ; et il parut clairement qu’il n’avait d’autre vue, en désirant de continuer à gérer ses affaires, que celle de satisfaire son goût décidé pour l’argent, et que le plaisir de le manier, ne fût-ce même que pour le faire valoir pour un autre, avait pour lui un si puissant attrait, qu’il avait peine à y renoncer.

M. Monckton, quoiqu’un homme du monde livré à ses plaisirs, entendait pourtant parfaitement les affaires. Il dirigea Cécile dans l’arrangement des siennes. Par son avis elle continua à laisser l’héritage de son oncle, consistant en terres, à l’économe qui en avait eu soin pendant sa