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vait ni supporter son mécontentement, ni souffrir qu’elle partît, saisit une de ses mains, malgré les efforts qu’elle fit pour la dégager, et s’écria : Vous êtes à moi, vous êtes ma femme !… Je ne veux plus me séparer de vous. Allez où vous voudrez, je vous suivrai, et ne cesserai de réclamer mes droits ! Ne m’arrêtez pas, lui repartit-elle impatientée et d’une voix faible ; je suis malade, je me sens mal… Si vous me retenez plus long-temps, je ne pourrai plus me soutenir. Eh bien, appuyez-vous sur moi jusqu’à ce que la cérémonie soit finie… Vous me mettez au désespoir ; j’en perdrai la raison, si vous me quittez aussi cruellement.

Le peuple commençait à s’attrouper, et les mots d’époux et d’épouse parvinrent aux oreilles de Cécile, qui mourant de honte, de crainte et de douleur, lui dit : Vous voulez donc absolument me tourmenter ? Et retirant sa main, qu’il n’osa plus retenir, elle s’élança dans la voiture. Delvile y entra cependant après elle, et