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soit qu’elle se rétractât, soit qu’elle remplît ses engagements, ne pouvait que lui nuire dans l’opinion publique, et l’amertume de ses regrets pour cette faiblesse, lui faisait croire que le bonheur n’était plus fait pour elle.

Elle passa le reste de la nuit sans pouvoir prendre aucun parti. Le matin il fallait absolument se déterminer. Elle s’occupa enfin à peser les inconvénients qui résulteraient de son refus, ou de son union avec Delvile. En lui donnant sa main, elle s’exposait au mécontentement de ses parents, et, ce qui l’affectait encore davantage, à l’indignation de sa mère : il est vrai que c’était le seul obstacle important qui s’y opposât. En le refusant, elle devenait le but des plaisanteries du public, des sarcasmes des indifférents, et des remontrances de ses amis ; elle risquait de fournir matière au ridicule, peut-être même à la calomnie, et se voyait au moins l’objet de la curiosité, supposé qu’elle ne devînt pas celui du mépris. Les