Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

croirais encore plus à plaindre. Adieu ; je vous abandonne donc à vos réflexions. Adieu, ma chère Cécile, ma chère amie ; et baisant sa main avec tendresse, il s’arrache d’auprès d’elle.

Cécile, sensible à la fatigue qu’elle avait occasionnée à sa vieille amie, l’obligea de se coucher, et destina le reste de la nuit aux réflexions. Elle se trouvait encore une fois maîtresse absolue de sa destinée ; mais cette liberté qu’elle avait tant désirée, devenait pour elle le plus pesant fardeau ; elle aurait préféré d’être contrainte plutôt que conseillée. Elle devenait responsable non-seulement au public, mais encore à elle-même, de toute sa conduite, et la crainte de mécontenter l’un ou l’autre lui rendait son indépendance pénible. Quoique la félicité ou le malheur de sa vie dépendîssent de sa décision, ce n’était cependant point le premier objet de ses réflexions ; elle regardait le consentement qu’elle avait donné à un mariage clandestin comme une tache éternelle faite à sa réputation. Mais la publicité de ce consentement,