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défendait. Dites-moi tout pourvu que vous ne me disiez pas que vous vous repentez de votre condescendance. — Cette lettre, lui répondit Cécile, vous aurait tout expliqué ; à peine sais-je comment vous faire part de ce qu’elle contenait ; je me flatte cependant que vous écouterez avec patience la résolution que la nécessité seule m’a forcée de prendre. Le but de ma lettre était de vous prévenir que nous ne devions pas nous voir demain ;… elle devait vous préparer à ne nous revoir peut-être jamais. — Grand dieu, s’écria-t-il ! qu’entendez-vous par-là ? — Que ma promesse était téméraire, et que je ne saurais la tenir ; que vous devez me pardonner d’avoir attendu jusqu’au dernier moment à la rétracter, puisque je suis convaincue que je n’avais aucun droit de la faire, et qu’en l’accomplissant, je serais nécessairement malheureuse.

Confus, désespéré, Delvile garda quelque temps le silence, et s’écria ensuite avec emportement : Qui est celui qui a pu me desservir auprès de vous ? Qui a pu, depuis lundi que je vous ai quittée, me calomnier