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augmentait encore sa douleur et ses remords ; elle se reprochait les chagrins qu’elle allait causer à cette dame pour qui elle était pénétrée de respect et d’attachement. Elle redoutait leur première entrevue, à laquelle elle pensait continuellement ; elle frémissait en songeant aux reproches et au mépris dont elle l’accablerait. Mais il était trop tard pour manquer à une promesse solemnelle et pour se rétracter au moment où Delvile se croyait certain… L’honneur, la justice et les convenances s’accordaient à lui faire sentir qu’il n’en était plus temps. Et cependant, s’écria-t-elle, n’est-ce pas s’attacher aux apparences aux dépens de la réalité ? Si l’on est criminel en consentant à ce qui est mal, ne l’est-on pas davantage en le faisant soi-même ? Cette idée l’affecta si vivement, qu’étouffant ses regrets, elle prit le parti d’écrire sur-le-champ à Delvile, qu’elle avait changé de sentiment.

Après les engagements qu’elle avait pris avec lui, il était assez difficile de lui faire approuver un pareil changement. Elle