Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

eussent fait connaître de bonne heure, que les peines d’esprit qu’elle avait éprouvées ensuite lui eussent appris à les supporter ; elle avait toujours été soutenue et consolée dans ses afflictions par la persuasion de n’avoir aucun reproche à se faire : mais la démarche qu’elle allait risquer, était contraire à ses principes ; elle lui paraissait condamnable. À peine eut-elle perdu Delvile de vue, qu’elle se repentit d’y avoir consenti ; et regardant cette faiblesse de sa part comme déshonorante, elle se persuada que si les parents de Delvile se réconciliaient jamais avec lui, le souvenir d’une faute volontaire continuerait à la tourmenter, ternirait sa réputation. Elle avait trop d’équité pour chercher à excuser le consentement qu’elle avait imprudemment donné, en rejetant la faute sur l’importunité des sollicitations de Delvile ; elle ne pouvait se dissimuler que, sans son amour pour lui, ses prières auraient été infructueuses, et que de toute autre part que de la sienne, elles n’auraient produit aucun effet. Le souvenir de madame Delvile