Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ô dépôt enchanteur et sacré ! Après un présent si précieux, consentirais-je à une éternelle séparation ? Revenez sur vous même, ma Cécile ; vivons pour nous, et suivons les mouvements de notre conscience ; méprisons les vains préjugés du monde, et laissons-les à ceux auxquels ils tiènent lieu de tout.

Ne finirons-nous donc jamais, dit madame Delvile, ces vaines contestations ? Ô Mortimer ! il est temps de les terminer, renoncez-y, et rendez-moi heureuse ! Elle est équitable, et vous pardonnera : elle est généreuse, et vous estimera. Fuyez donc : dans cet instant critique, il n’y a que la fuite qui puisse vous sauver ; alors votre père retrouvera un fils, l’unique objet de ses espérances, et les bénédictions d’une mère qui vous chérit, adouciront vos afflictions, et dissiperont vos regrets. Ô madame ! s’écria Delvile, par pitié, par humanité, épargnez-moi ces remontrances cruelles. Si elles ne sont pas suffisantes, j’y ajouterai des ordres, et comme jusqu’à présent vous ne les avez jamais