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un peu sa solitude ; mais voyant que ses sollicitations ne la persuadaient pas, elle la pria sérieusement de hâter le moment où elle irait habiter sa maison, afin d’abréger le temps de leur séparation ; et qu’elles pussent se rejoindre plutôt.

Cécile passa la nuit à penser à la manière dont elle se conduirait le lendemain ; elle vit tout ce que madame Delvile attendait d’elle ; puisqu’elle l’avait exhortée à refuser leur visite pour peu qu’elle se méfiât de ses forces. La constance de Delvile à exiger que le refus vînt directement de sa part, la surprit, lui plut, et l’affligea tour-à-tour ; elle avait imaginé qu’il se serait soumis sans réserve à la décision d’une mère aussi respectée que chérie, et elle avait peine à concevoir qu’il eût eu le courage de lui résister. Ce courage ne l’étonnait cependant pas plus qu’il ne la flattait ; car, connaissant toute l’étendue de sa piété filiale, il lui paraissait la preuve la plus indubitable qu’elle eût encore reçue de la sincérité et de la constance de son attachement. Mais après