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d’un homme occupé de l’ouvrage pour lequel il aurait le plus d’inclination. Cécile oublia une partie de ses peines et de son chagrin, en pensant aux malheurs de cet infortuné et singulier jeune homme. Elle aurait bien souhaité trouver le moyen de le tirer d’un genre de vie aussi dur et aussi obscur ; mais que proposer à un être aussi susceptible sur l’honneur, et d’une délicatesse aussi scrupuleuse, sans risquer de l’offenser, plutôt que de l’obliger ? Son récit l’avait convaincue combien il avait besoin de secours ; mais elle avait senti en même temps la peine qu’il y aurait à le faire consentir à en recevoir. Elle n’était pas non plus sans crainte que l’empressement qu’elle montrerait à lui rendre service, sa jeunesse, ses manières et ses attentions ne mîssent Belfield lui-même dans le cas de mal interprêter ses motifs, et ne produisîssent sur lui un effet semblable à celui qu’ils avaient précédemment produit sur l’esprit de sa mère. C’est pourquoi, après avoir pesé mûrement toutes ces circonstances, le moment présent ne lui parut