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aussi bien que des secours, et que, quoique pauvre, je n’accepterai des dons qu’autant qu’ils me seront offerts de bonne grace, et qu’on ne cherchera point à m’humilier ? Qui est-ce qui voudrait se prêter à de pareils sentiments, ou écouter le récit des mortifications que j’ai essuyées, à moins que ce ne fût pour dire que je les ai méritées ? Pourquoi le public s’embarrasserait-il de ma façon de penser et de mes singularités ? Je le connais trop pour croire que mes malheurs pussent l’attendrir ; je n’ai pas besoin de nouvelles leçons pour savoir qu’il y a plus de sagesse et de courage à supporter l’infortune, qu’à s’en plaindre.

Malheureux comme vous l’avez été, reprit Cécile, je ne saurais m’étonner de votre mauvaise humeur ; mais l’équité exige que l’on conviène, qu’en général, la dureté envers les malheureux, n’est pas le défaut de ce siècle. Au contraire, à peine leur misère est-elle connue, que tout le monde s’empresse à la soulager. Et comment la soulage-t-on ? s’écria-t-il ; en donnant quel-