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ches et les grands ; pauvre et humble, qu’avais-je à en espérer ? Je résolus donc d’y renoncer pour toujours, et de ne plus craindre ses revers, en cessant de prétendre à ses faveurs.

J’écrivis à mylord Vannelt pour le prier d’envoyer mes malles chez ma mère, à qui je fis savoir que je me portais bien, et que je ne tarderais pas à lui donner de mes nouvelles : après quoi, je dis adieu à Londres pour long-temps. Remettant alors au hasard la direction de mes pas, je parcourus la campagne sans m’embarrasser où ils me conduiraient. Ma première pensée fut d’abord de chercher une retraite, et d’assurer ma tranquillité, en renonçant entièrement à la société. Ma manière lente de voyager me laissa tout le temps dont j’avais besoin pour réfléchir, et me fit bientôt reconnaître l’erreur qui m’égarait. La solitude, m’écriai-je, me mettra, il est vrai, à l’abri du crime ; mais comment échapperai-je aux regrets, au chagrin, à l’ennui ? Ils se feront sentir plus fortement que jamais, quand le travail ne remplira