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l’aidai à se relever, et il s’appuya sur mon bras. Dans l’empressement que j’avais de savoir comment il se trouvait, je le nommai ; il me reconnut et parut surpris de mon ajustement qui était, il est vrai, bien différent de celui dans lequel il m’avait vu lorsque j’étais chez mylord Vannelt : ce qui n’empêcha cependant pas qu’il ne me parlât poliment ; mais ayant apperçu des gens de sa connaissance, qui avaient galopé pour le joindre, il se dégagea promptement de mes mains ; et s’empressant de leur raconter ce qui venait de lui arriver, il affecta de regarder d’un autre côté. Se joignant ensuite à cette nouvelle compagnie, il s’éloigna sans faire la moindre attention à moi. Je fus presque tenté de lui donner la peine de revenir sur ses pas ; mais un peu de réflexion suffit pour me faire sentir qu’un homme de cette espèce était peu digne de ma colère.

Cet événement mit fin à toutes mes incertitudes, et me confirma dans le dégoût que j’avais conçu pour le monde : je vis clairement qu’il n’était fait que pour les ri-