Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’ont donné la vie ! Ne relâchez pas les liens qui me les rendent chers, et ne me contraignez pas à les regarder comme les seules barrières qui s’opposent à ma félicité ! Le ciel m’en préserve ! répliqua Cécile ; si je pouvais vous croire assez dénaturé pour en agir ainsi, il m’en coûterait peu de rompre avec vous — Pourquoi donc ne dois-je espérer de vous posséder qu’après leur mort ?

Cécile, ébranlée par cette question, ne sut que lui répondre. Delvile s’appercevant de son embarras, redoubla ses prières, et avant qu’elle eût eu le temps de revenir à elle-même, elle avait presque consenti à son projet ; mais Henriette Belfield lui étant tout-à-coup revenue dans l’esprit, elle s’écria : il me reste encore une inquiétude que je ne sais comment manifester, et qui doit cependant être éclaircie… Vous connaissez… vous vous rappelez mademoiselle Belfield ? — Assurément ; mais quelle inquiétude mademoiselle Belfield pourrait-elle faire naître dans l’esprit de miss Beverley ?