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me livrer, en dépit du bon sens, à des espérances mal fondées. Non, après avoir quitté mylord Vannelt, j’ai renoncé pour toujours aux prétendus protecteurs. J’avais déjà suivi plusieurs vocations, dans lesquelles j’avais été malheureux ou imprudent. J’avais essayé de la jurisprudence ; mais son étude était ennuyeuse et dégoûtante. Quant au militaire, l’oisiveté qui y est attachée m’avait révolté, et j’en étais plus fatigué que je ne l’aurais été du plus violent exercice. J’avais eu recours, après cela, à la plus grande dissipation ; la dépense qu’elle m’occasionnait était ruineuse, et les reproches que je m’en faisais détruisaient les plaisirs qu’elle m’offrait. J’avais même… oui, il est peu de choses que je n’aye éprouvées… j’ai encore… Car pourquoi cacher à présent ?… Il s’arrêta, rougit, et reprit ensuite d’un ton plus animé : le commerce avait aussi fait partie de mes épreuves ; et cet état était véritablement celui auquel ma naissance m’appelait… Mon éducation m’avait mal préparé pour cette profession, et je m’étais conduit d’une