Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme sa fille elle me haïrait. Elle vous aime, elle vous idolâtre, s’écria-t-il avec chaleur, et si je n’étais pas certain qu’elle connaît tout votre mérite, le respect que j’ai pour l’une et l’autre m’empêcherait de vous renouveller mes supplications. Mais je ne doute pas un instant que vous ne fassiez le bonheur de sa vie ; elle verrait en vous toute la félicité de son fils. Oh ! monsieur, s’écria Cécile émue, je ne veux pas qu’on puisse me reprocher d’être cause que vous manquiez à une pareille mère ; à peine la respectez-vous autant que je la respecte moi-même ; et je déclare ici solemnellement… Arrêtez, dit Delvile, et ne prenez de résolution qu’après m’avoir entendu. Si elle n’existait plus, si mon père avait aussi cessé de vivre, persisteriez-vous à me refuser ? Pourquoi cette question ? répondit Cécile en rougissant ; vous seriez alors votre maître, et peut-être… Elle hésita, et Delvile s’écria avec énergie : Arrêtez ; ne me forcez point à souhaiter la mort de ceux qui