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forte et très-naturelle, ne l’engagea point à joindre ses plaintes aux siennes : elle n’était affligée que de l’obstacle qui occasionnait cette séparation, et non de l’incident qui avait simplement arrêté la cérémonie. Convaincue, par les deux conversations qu’elle venait d’avoir, de l’inflexibilité de madame Delvile, elle se réjouissait de ce qu’elle avait eu occasion d’en faire l’épreuve : le seul sentiment qu’elle éprouvait dans cette occurrence était la tristesse ; son cœur était trop généreux pour conserver le moindre ressentiment d’une conduite dictée par la prudence et le devoir ; elle était trop tendre pour n’être pas touchée des honnêtetés et des bontés qui avaient adouci ce refus, et qui lui prouvaient que, quoiqu’elle le regardât comme indispensable, madame Delvile en était elle-même très-mortifiée.

Ce qui l’embarrassait le plus était de savoir comment et par qui madame Delvile avait été instruite de ce qui s’était passé ; toutes ses conjectures à cet égard