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y avez généreusement renoncé, pourquoi déchirer de nouveau votre cœur et le sien par une entrevue, qui ne servirait qu’à renouveler des regrets inutiles ? Cécile continua à se taire. Elle sentait bien la vérité de ces réflexions ; mais son cœur avait peine à en admettre les conséquences. Je suis sûre, reprit madame Delvile, que ce triomphe dont la petite vanité d’une femme ordinaire serait flattée, ne s’accorderait guères avec la façon de penser de celle qui a été capable d’un renoncement aussi généreux. Parlez donc, et avouez franchement ; de bonne-foi, convenez… qu’il serait plus prudent d’éviter un objet qui ne peut que causer des regrets, une entrevue qui ne saurait exciter que des sensations tristes et douloureuses. Cécile pâlit ; elle fit des efforts pour parler, sans pouvoir y parvenir ; elle aurait voulu consentir… Mais l’idée qu’elle avait vu Delvile pour la dernière fois, qu’elle l’avait quitté brusquement, et la crainte de l’avoir traité trop durement, s’opposaient encore à une pareille résolution.