Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 5 an III.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous a séparés. — Vous n’avez donc pu vous procurer aucun éclaircissement ? — Non, aucun, quoique depuis que nous nous sommes séparés, j’aye employé tout mon temps à faire des perquisitions. — N’en faites donc plus ; car tous les éclaircissements deviendraient inutiles : il est certain que nous avons été séparés, quoique nous soyons hors d’état de dire pourquoi : mais que nous ne nous rejoignions jamais… Elle s’arrêta, les yeux humides, levés au ciel, et poussant un profond soupir. Comment, s’écria Delvile, en tâchant de prendre sa main qu’elle retira. Aimable, chère Cécile, mon amie, mon épouse, pourquoi ces larmes que le désespoir est seul capable de vous arracher ? Pourquoi me refuser cette main qui était il n’y a pas long-temps le gage de votre foi ? Ne suis-je plus le même Delvile auquel il y a si peu de jours que vous l’aviez donnée ? Pourquoi refusez-vous de m’ouvrir votre cœur ? Pourquoi vous défier de ma probité ? Pourquoi vous dérober à ma tendresse ? Après m’avoir