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lui tendit la main ; et ses yeux se remplissant de larmes, elle lui dit : il m’est impossible de me résoudre à me séparer de vous avec autant de froideur. Ô charmante Cécile ! ne blâmez point une mère qui, en s’acquittant de ce qu’elle croit être son devoir, regarde cette obligation comme la chose du monde la plus pénible, qui prévoit dans le désespoir de son mari et la résistance de son fils toutes les horreurs qu’entraîne après soi la discorde entre des parents, et qui ne peut assurer l’honneur de sa famille qu’en détruisant son repos et son bonheur !… Vous ne voulez donc pas me donner la main ?…

Cécile qui avait affecté de ne pas s’apperçevoir qu’elle la lui offrait, lui présenta la sienne, en lui faisant une révérence d’un air de réserve, et tâchant de conserver sa fermeté en évitant de parler. Madame Delvile la prit, et en lui répétant ses adieux, elle la pressa affectueusement contre ses lèvres. Cécile en fut émue ; l’agitation qu’elle tâchait de déguiser augmentant à chaque instant,