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dée que, quoiqu’il n’y eût qu’un seul obstacle à son mariage, il était absolument invincible. Ce n’est donc point par aversion pour votre nom, continua-t-elle, mais parce que le nôtre nous est plus cher. Il est certain qu’il y aurait de la bassesse et de l’indignité à le changer contre un autre… Quelle ne serait donc pas ma douleur, si Mortimer Delvile, l’objet de toutes mes espérances, le dernier rejeton qui assure la durée de sa maison, et dont la naissance m’a causé la plus vive satisfaction, dont les belles qualités faisaient toute ma consolation, parce que j’espérais qu’elles en relèveraient l’éclat ; si Mortimer venait à y renoncer ; s’il l’abandonnait, s’il quittait le nom qu’il paraissait né pour éterniser, et qu’il l’anéantît pour jamais ! Comment reconnaîtrais-je un fils devenu étranger à sa famille ! Comment supporter l’idée d’avoir nourri dans mon sein celui qui en aurait trahi les plus chers intérêts !

Cécile aussi affligée qu’offensée, se hâta de lui répondre : Non, madame, je n’exigerai point un pareil sacrifice ; je ne vou-