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conspirait à la punir de sa faute. Ses démarches avaient été découvertes ; la famille Delvile ne pouvait manquer d’être instruite de son projet, qu’elle traiterait de téméraire, et qu’elle se réjouirait de savoir échoué. Mais ce qui la tourmentait le plus, était l’opposition inconcevable qui avait empêché la célébration de son mariage. Elle ne pouvait deviner de quelle part elle était venue. Elle imaginait quelquefois que c’était peut-être une plaisanterie de la part de Morrice, une perfidie de M. Monckton, un tour que quelque étranger leur avait joué. Aucune de ces suppositions n’avait cependant la moindre probabilité. Morrice, supposé même qu’il eût observé toutes leurs démarches, et qu’il les eût suivis jusqu’à l’église, ce que son imprudente curiosité rendait assez vraisemblable, aurait à peine eu le temps et les moyens de trouver une femme qui se fût prêtée à le seconder. M. Monckton, quelqu’opposé qu’il fût à ce mariage, avait trop d’honneur pour vouloir le rompre par un moyen aussi violent et aussi malhonnête. De la