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enfin, après avoir beaucoup hésité ; cette bonté de votre part, mademoiselle, mérite de la mienne la plus vive reconnaissance ; j’avais peu de droit, et encore moins de raison de l’espérer, après la sévérité que vous m’avez témoignée….. En prononçant le mot de sévérité, sa fierté blessée lui rendit tout son courage, et il continua avec autant de fermeté qu’il en avait montré en commençant. Je ne me plaindrai point de cette sévérité : au contraire, dans une situation telle que la mienne, c’est peut-être la plus grande faveur que vous puissiez me faire. Il est certain qu’elle m’a procuré des consolations plus efficaces que celles que la philosophie, les réflexions ou le courage auraient pu m’offrir. Elle m’a prouvé l’inutilité qu’il y aurait à me plaindre des obstacles que la destinée a mis au succès de mes vœux, en me faisant voir que, s’ils n’eussent pas existé, j’en aurais rencontré d’autres non moins insurmontables. Je me suis donc décidé, après des efforts pénibles, à me refuser même la douceur